Jean-Marie Chazal a publié « Saccages », roman noir sur UPblisher.com. Un livre fort, sombre, puissant. Il nous parle de lui, de son livre et de ses projets. Un entretien avec un auteur délicieux, « multi-culturel » et d’une grande finesse intellectuelle.
UP - Parlez-nous de vous : qui êtes-vous ? Êtes-vous écrivain à plein temps ou avez-vous d’autres activités ? Vos passions en dehors de l’écriture ? Quelles sont vos influences littéraires et artistiques ?
JMC – Je suis originaire de Saint-Nom-la-Bretèche, où je vis toujours. J’ai été baigné depuis ma plus tendre enfance dans le fort milieu culturel de mon père, le célèbre critique de cinéma Robert Chazal. J’ai finalement été toujours imprégné d’écrits et d’images.
Aujourd’hui à la retraite (j’ai presque 70 ans), j’ai suivi une carrière de professeur de lettres dans plusieurs lycées de la région parisienne.
Parallèlement à mon activité professionnelle, j’ai travaillé pour le cinéma avec la rédaction de scenari. Si l’écriture est ma passion principale, je consacre beaucoup de temps à la politique, à l’organisation de visites culturelles à Paris, à des dîners littéraires, à des recherches de généalogie et de psychogénéalogie : une retraite active, dont toutes ces activités me prennent beaucoup de mon temps. J’organise vraiment mon agenda heure par heure !
J’ai bien sûr eu beaucoup d’influences artistiques et littéraires variées, mais les auteurs de mon panthéon d’écrivains sont Albert Camus, Henry de Montherlant, Franz Kafka et Hubert Selby. Des femmes aussi : Assia Djebar, Nancy Huston et Camille Laurens. Je suis fasciné par Georges Bataille également. Claude Louis-Combet avec « Blesse, ronce noire » est un livre que j’offre souvent malgré son élitisme et son sujet traité de manière très métaphorique : il faut l’avoir lu !
Dans le cinéma, des films ont aussi marqué ma vie personnelle et artistique : « Mort à Venise » de Visconti, « India Song » de Duras, « Ma nuit chez Maud » de Rohmer, tous les films de Bresson et plus particulièrement « Mouchette ». J’ai aujourd’hui beaucoup plus de mal à trouver dans la production cinématographique des films qui me touchent : je trouve que l’on a perdu cette notion d’esthétisme, très importante pour moi. Comme l’a si bien dit Robert Desnos : « Donnez-nous des films à la hauteur de nos tourments »… Alors peut-être la peinture, la photo pour retrouver cette émotion ?
Pourquoi écrivez-vous : une forme de survie, d’abandon d’extériorisation ? Comment trouvez-vous vos sujets ? Votre façon d’écrire ? Sur PC ou à la main ?
Ecrire pour moi, c’est un acte gratuit, une volupté esthétique. Quand j’écris, c’est un acte fort : je n’y trouve pas de plaisir : c’est un besoin, cela doit sortir. J’écris pour survivre.
J’écris seul, dans ma bulle, je ne veux pas être dérangé, je suis complétement dedans. La musique m’accompagne. Peu de musique classique, mais une musique avec du rythme. Cette harmonie du rythme se retrouve dans mon écriture. Dans « Saccages », on retrouve cette sensation, il est écrit comme un scénario de film. Du rythme dans les mots, mais aussi de la nuance, c’est très important la nuance…
J’écris toujours à la main, c’est primordial.
« Saccages » est mon quatrième ouvrage. J’ai écrit en 1972 « Le marabout de l’Oued », roman quasi autobiographique ; puis « Les quatre coups du malheur » une fiction autour de la vie de Camus ; et « Les chiens de Harrar » qui se déroule dans l’enfer de Djibouti.
« Saccages », je l’ai écrit en 2009 en 6 mois. D’un jet. Je pense que de tous mes livres, c’est le plus accessible pour les lecteurs. Je suis parti d’un fait divers qui s’était déroulé dans les années 2000. Je suis en correspondance avec des prisonniers, et j’ai eu l‘occasion d’échanger avec une détenue lourdement condamnée. Sa dernière lettre, avant l’interruption brutale de notre conversation, comportait 10 lignes sur le drame. Cela m’a tout de suite inspiré le livre, que j’ai romancé et auquel j’ai greffé les personnages de la villa, que j’avais connus dans un autre contexte. Et l’histoire s’est construite. Au-delà du roman policier, c’est une introspection sur des individus, l’armature de ce qu’ils sont, comment et pourquoi ils en arrivent chacun par rapport à leurs parcours respectifs à « ça » dans cette tragique et violente histoire.
Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?
Oui, je prépare actuellement un livre sur Kafka. Il est en cours d’écriture.
Pourquoi avez-vous choisi l’e-édition plutôt qu’une traditionnelle édition papier ?
C’est une question de rencontre. Ma belle-fille connait Catherine Vaillant, l’une des fondatrices d’UPblisher, elle m’a alors proposé de faire éditer mon roman policier « Saccages » en ebook chez UPblisher. Pourquoi pas ? C’est une technique très nouvelle pour moi, car même si j’ai un profil sur Facebook, je ne suis pas un grand connaisseur de la technologie informatique !
Alors, à quand « Saccages » en film ? Comme nous le dit si bien Jean-Marie Chazal dans cette interview, le rythme de ce roman policier nous le fait imaginer immédiatement en images et en sons, éléments très importants pour l’auteur.