L’Homo cyberneticus, vision de Cherif Arbouz

L’Homo cyberneticus

est-il pour bientôt ?

 

 Tribune de Chérif Arbouz, romancier

 

Cerveau de l'Homo cyberneticus ? Expo « Artistes et robots » Brain 2009 Pascal Haudressy, Grand Palais 2018

Cerveau de l’Homo cyberneticus ?
Exposition « Artistes et robots » Grand Palais 2018
Brain 2009, Pascal Haudressy

Une telle question quand elle m’est venue à l’esprit, a fait naître en moi l’idée qu’elle pourrait fort bien se traduire par une réalité future. Dès lors, cette idée ayant mûri, je l’ai développée à travers ma conception des « Épopées cosmiques », une saga dont les quatre volumes ont été successivement publiés à partir de 2011 par les Éditions numériques UPblisher.

Voyons maintenant ce qui peut rendre plausible l’avènement d’un hypothétique Homo cyberneticus. Depuis une dizaine d’années environ, l’informatique s’est distinguée par de fulgurantes avancées dans tous les domaines où elle s’applique, dont en particulier celui de l’intelligence artificielle.

Celle-ci en effet, s’est illustrée ces temps derniers par des innovations qui sous de nombreux rapports peuvent être qualifiées de révolutionnaires. On peut se faire une idée de cela à partir de maints exemples, tel ce vidéo-reportage où l’on voit une roboticienne converser avec son sosie cybernétique. Certes un spectacle de ce genre peut résulter d’un astucieux montage, mais tout ce qu’on sait des considérables progrès actuels de la robotique, rend plausible un résultat de cette nature.

Un produit de la cybernétique qui voit, qui entend, qui pratique un langage articulé et réagit à ce qu’on lui dit comme s’il en comprenait le sens, c’est déjà ça aujourd’hui. Et il y a autre chose aussi, car de semblables produits sont depuis quelques années et dans certaines limites, en mesure d’accroître leurs « savoirs » par auto apprentissage.

Expo. «Artistes et robots» Grand Palais 2018 Orlan & Orlanoïde Strip-tease artistique électronique et verbal, 2018

Expo. «Artistes et robots» Grand Palais 2018
Orlan & Orlanoïde - Strip-tease artistique électronique et verbal, 2018

Cette dernière innovation est capitale, car elle signifie que tôt ou tard, elle pourrait fort bien se traduire par l’émergence d’êtres artificiels intelligents et capables de se perfectionner. Ce qui résulterait alors de cette capacité, serait que ces entités puissent même parvenir à se passer de toute tutelle humaine, les circonstances aidant.

Face à cette perspective, pour d’aucuns et non des moindres, la conséquence d’une pareille situation serait que l’ensemble des êtres humains en arriveraient peut-être à faire dépendre leur existence d’entités cybernétiques pouvant réaliser ce dont eux-mêmes ne sont pas capables. Toutes les conditions susceptibles de mener à cela sont d’ores et déjà réunies, et en plus de ça, il se pourrait-même que les avantages ainsi induits, puissent se traduire chez les dites entités par un véritable exercice de la pensée.

Cette vision certes donne le vertige, car elle signifierait qu’au règne de l’Homo sapiens pourrait succéder celui du représentant d’une espèce nouvelle, qui à la limite et sous le nom d’Homo cyberneticus, se définirait en tant qu’être pensant d’une nature exceptionnelle, lequel à l’instar de Descartes pourrait se dire «Je pense donc je suis». L’émergence d’un être de cette nature aussi incroyable qu’elle puisse paraître, n’aurait à vrai dire rien d’extraordinaire, sachant qu’en fait tous les comportements qui traduisent la vie se retrouveraient chez les créatures artificielles qui nous occupent.

 

Reflets d'une pensée cybernétique ou création artistique ? Exposition « Artistes et robots », Grand Palais, avril 2018 / Crédits photo : C Vaillant

Reflets d’une pensée cybernétique ou création artistique ?
Expo. «Artistes et robots», Grand Palais 2018
Argo 2018, Jacopo Baboni Schilingi

Voyons maintenant ce qui pourrait rendre crédible l’idée qu’un hypothétique Homo cyberneticus puisse coexister avec l’Homo sapiens. Pour cela, il ne suffirait que de s’en remettre à ce qui découle des lois naturelles en matière d’évolution des espèces, sinon directement, du moins par analogie. Cette analogie en l’occurrence, se traduit par le fait que l’évolution faisant l’objet de notre attention, est celle d’une technologie appréhendée à travers ses éventuelles répercussions sociales. Ce sont précisément ces répercussions possibles qui aujourd’hui font l’objet de chauds débats amplement médiatisés.

 

 

Homo cyberneticus, vision d’artiste Exposition « Artistes et robots », Grand Palais, avril 2018

Homo cyberneticus, vision d’artiste
Expo. «Artistes et robots», Grand Palais 2018
Untitled (Murakami Arhat Robot) 2016
Takashi Murakami

Pour ma part et bien avant le bouillonnement actuel, j’ai fait de l’hypothèse ci-dessus émise, l’ingrédient principal de ce qui prend de l’ampleur à partir de « La Grande Énigme », tome 2 des « Épopées cosmiques ». Il se trouve en effet que le personnage dominant de très haut les péripéties de cette saga, n’est autre qu’un être cybernétique prodigieux, auquel les présumés lointains descendants des Humains et autres êtres pensants de la galaxie, doivent finalement leur accès à l’immortalité. Le personnage en question a pour nom Joke dans mon roman, et celui-ci en l’occurrence sera mon Joker dans le cadre du débat en cours, débat auquel je m’associe pleinement. Face à celui-ci d’ailleurs, je puis m’honorer d’avoir depuis déjà quelques années à travers mes romans, mis en scène des situations qui maintenant se profilent, comme en témoignera l’exemple suivant.

 

 

 

Dans son édition du 18 novembre 2016, M6 info annonçait ceci, assorti d’un ample commentaire :

« Selon Stephen Hawking, l’espèce humaine est condamnée… à moins de trouver un moyen de quitter la planète Terre. »

Cette déclaration émanant du célèbre physicien, récemment disparu, a évidemment le poids que son auteur lui confère,… mais il se trouve qu’à travers « L’Arche du Salut », denier épisode des « Épopées cosmiques » publié en 2014, ce n’est pas seulement la Terre que les êtres humains quittent, mais la galaxie-même dont celle-ci fait partie, et ce pour trouver leur salut au sein d’une autre galaxie, dans le cadre de graves circonstances d’ordre cosmique.

Cependant à travers ce parallèle ce qui importe le plus, est que dans les deux cas évoqués, c’est face à un même genre de cause que la nécessité d’un exode cosmique se soit fait jour.

Pour rester sur ce terrain, ce qu’il faut dire de plus, est que la vie-même de Stephen Hawking fut l’illustration de ce que la cybernétique pouvait permettre. Il se trouve en effet que le célèbre savant ayant contracté la maladie de Charcot, fut durant la cinquantaine d’années précédant sa mort, affecté d’une paralysie presque totale doublée d’une incapacité à articuler des sons. Malgré cela cependant il fut en mesure de poursuivre, tant ses activités scientifiques que l’enseignement qu’il prodiguait à ses étudiants. Ce qui le permit fut le recours à une technologie spécifique, laquelle découle de la combinaison d’un ensemble de moyens inter-réagissant de manière adaptée à l’objectif visé.

Le résultat de cette combinaison s’est traduit par le fait que Stephen Hawking ayant entre autres face à lui dans son fauteuil roulant, un écran vidéo affichant l’équivalent d’un clavier d’ordinateur, pouvait écrire rien qu’en fixant du regard telle lettre ou tel signe graphique, puis en clignant des yeux pour valider son choix. Pouvant ainsi écrire, il pouvait également parler, ce qu’il écrivait étant au fur et à mesure et de façon automatique, transformé en expression orale.

Voilà donc ce qu’il en fut de Stephen Hawking, et pour terminer je conclurai par l’exhortation suivante :

À vous quels que vous soyez, qui aurez lu ce qui précède, réfléchissez à ce qui en fait l’objet et qui procède de tout ce que j’ai pu écrire auparavant sous le titre « Épopées cosmiques ». L’Homo sapiens dont tous nous tenons, coexistera tôt ou tard, soyez-en sûrs, avec le futur Homo cyberneticus qui s’annonce déjà. Et tout comme moi-même, espérez que les Humains des futures générations agissent de telle sorte, qu’au lieu de devenir les esclaves des représentants de cette espèce en gestation, ils puissent avoir en eux lorsqu’ils régneront, les plus sûrs garants d’une vie infiniment meilleure qu’elle ne l’est aujourd’hui pour tout le genre humain. Avec cela, dites-vous bien que la recommandation de Stephen Hawking d’avoir à quitter la Terre, aurait besoin pour être réalisable, de capacités qui seraient hors de portée d’Humains ordinaires, ce qui par contre ne serait pas du tout le cas s’agissant d’éventuels représentants à venir du type Homo cyberneticus. Pour tout curieux qui aimerait savoir comment un pareil exode pourrait se produire, qu’il s’en remette donc à Joke le phénoménal artisan de ce fantastique déménagement, tel que celui-ci est relaté dans « L’Arche du Salut », dernier épisode des « Épopées cosmiques ».

Mais il n’y a pas que cela à découvrir, car à considérer la totalité des quatre volumes du roman, on y voit présentées d’autres possibles réalités, envisagées en tant que faits avérés, ceux-ci ayant pour fondements des hypothèses qui aujourd’hui sont à la base de recherches scientifiques avancées. Cependant, comme l’objet des « Épopées cosmiques » est avant tout de nature romanesque, ce sont les personnages mis en scène et les situations créées par ceux-ci ou survenant autour d’eux qui sont au premier plan, le tout baignant dans un cadre civilisationnel résultant d’un développement scientifique de très haut niveau.

 

L’Homo cyberneticus est-il pour bientôt ? de Chérif Arbouz, romancier
Crédits photos : C Vaillant / Expo. « Artistes et robots », Grand Palais 2018

 

Champ de pissenlits cybernétiques

Champ de pissenlits cybernétiques, soufflez !
Expo. «Artistes et robots», Grand Palais 2018
Les pissenlits 1990-2017, oeuvre générative et interactive projetée
Edmond Couchot et Michel Bret

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Catherine Vaillant