Catherine Boullery nous parle de son expérience d’auteure de romans de fantasy, de son rêve d’écriture réalisé, de ses goûts et ses inspirations. Un moment de vie intense et débordant, riche et prenant, où l’on s’aperçoit que l’auteure de la saga d’Aila ressemble à son œuvre : pleine de vie, aventureuse et… passionnante !
UP – Catherine, parlez-nous un peu de vous : qui êtes-vous ? d’où venez-vous ?
CB – Je suis enseignante de physique-chimie en lycée et j’habite en banlieue parisienne.
– Vous n’êtes donc pas écrivain à plein temps ?
– Malheureusement non, car mon activité professionnelle grignote la majeure partie de ma vie, à tel point que, parfois, je ne suis plus écrivain du tout, sauf dans ma tête !
En revanche, j’adore mon premier métier. Enseigner est ce dont je rêvais quand j’étais petite et les moments que je partage avec beaucoup de mes élèves sont de véritables instants de bonheur dans mon existence.
Finalement, j’ai réalisé un premier rêve et j’ai la chance d’en avoir vu éclore un deuxième qui, lui aussi, est devenu réalité…
– Quelles sont vos influences littéraires et vos sources d’inspiration ?
– J’ai une bibliothèque assez remplie et des goûts plutôt éclectiques. J’ai conservé de mes années au lycée un goût pour certaines œuvres étudiées et l’envie d’en découvrir d’autres. Relire les pièces de Molière ou un roman tel que Cyrano de Bergerac reste un plaisir intact. Je me suis plongée aussi dans les Rougon-Macquart de Zola, les poésies de Ronsard ou de Lamartine, Montaigne, Pascal…
Pour la littérature plus récente, j’aime beaucoup les romans policiers avec une mention spéciale pour Agatha Christie, mais aussi Fred Vargas, Mary Higgins Clark, Patricia Wentworth, Ruth Rendell, Patricia Cornwell dans un domaine plus ou moins contemporain, ou dans un contexte historique comme avec les romans d’Ellis Peters ou d’Anne Perry.
Naturellement, la fantasy tient une part importante dans mon plaisir de lecture. J’adore particulièrement ces mondes qui offrent à mon esprit la possibilité de s’échapper et de vivre des rêves éveillés, de ceux qui me poursuivent le soir avant de m’endormir et qui reviennent m’envahir dès le réveil, dans l’attente de m’y replonger le soir suivant… Cet imaginaire se lie au mien sans espoir de retour !
Mon maître est David Eddings (La Belgariade et La Mallorée). Il m’a littéralement envoûtée. Sa façon d’écrire, de concevoir les histoires, sa cohérence, ses personnages attachants, drôles, si différents que chacun joue un rôle à sa mesure, tout ce que j’aime !
J’ai découvert ce genre de littérature en débutant par l’œuvre de J.R. Tolkien, mais ce n’est que bien des années plus tard que je me suis lancée dans une lecture plus intensive : Raymond Feist, Robin Hobb, Pierre Grimbert, Terry Goodkind, Henri Loevenbruck et tant d’autres…
Mes autres sources d’inspiration sont simplement tous les endroits que je croise et qui éveillent mon imagination : une rivière, une montagne, un château, un bateau, un lac, des lumières… mais aussi mes expériences passées et présentes, les gens que je rencontre, les sentiments qu’ils font naître ou que j’imagine qu’ils pourraient ressentir (la peur, la colère, la tristesse, la joie, l’amour…), toutes les pensées qui me traversent en fait…
– Avez-vous un livre culte, que vous adorez, qui vous a marqué ?
– Oui, « La vallée qui chante » d’Elizabeth Goudge, que j’ai lu enfant. Cela fait des années que j’ai envie de le relire et cela fait des années que je repousse le moment de le faire, de peur de ne pas y retrouver le même charme que celui qui m’avait enchantée…
– Pourquoi écrivez-vous ?
– Pour le plaisir ! Écrire, c’est ouvrir son monde intérieur vers l’extérieur et l’exprimer par des mots, comme pour lui donner une consistance, le rendre presque réel et pouvoir le partager…
– Comment écrivez-vous ? Un seul jet, sur un laps de temps court, puis retravaillé ?
Quand j’ai écrit les quatre tomes de la saga d’Aila, je l’ai fait en continu sur 9 mois. J’étais capable de me mettre devant mon ordinateur et d’écrire pendant des heures, en oubliant de manger par exemple. Quand j’étais lancée, c’était un crève-cœur de devoir m’arrêter pour aller travailler, mais je suis parvenue finalement à gérer plutôt bien ces interruptions. Elles me permettaient de prendre un peu de recul, ce qui s’est avéré bénéfique. Dans ce premier jet, ce qui a le plus compté pour moi, ce sont les idées qui s’enchaînaient, la cohérence de l’histoire, les personnages et leurs caractéristiques, tous les détails que je distillais peu à peu et qui revêtiraient à un moment ou un autre une importance capitale. Mais une fois parvenue à la fin de l’histoire, il faut enchaîner sur des heures de relecture pour retravailler le style et éliminer toutes les fautes d’orthographe ou les coquilles…
– Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cette saga ?
– Une amie ! Son mari est un grand amateur de fantasy et je lui ai raconté la dernière idée d’histoire qui m’était passée par la tête. En résumé, elle m’a dit : « Écris-la » et c’est ce que j’ai fait…
– Comment en avez-vous eu l’idée ? Aviez-vous l’idée d’ensemble dès le départ ?
– Des idées… Dans ma tête, c’est un feu d’artifice constant ! Alors, comment peut me venir une idée particulière au milieu de toutes les autres, je n’en sais rien…
Je suis partie sur une idée initiale qui a évolué au fil de l’écriture, mais dont les ramifications une fois établies sont restées les mêmes d’un bout à l’autre de l’histoire. Après avoir disséminé tous les éléments, chapitre après chapitre, il m’a suffi de les garder tous bien en tête et de les utiliser au fur et à mesure que le besoin s’en faisait sentir dans la construction du roman. Je précisais chaque partie petit à petit, tout en gardant en tête que sa rédaction devait m’emmener vers un objectif plus lointain, mais déjà défini. Après, restaient à renouer tous les fils pour achever logiquement cette aventure.
– Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?
– Beaucoup ! Il me manque juste le temps pour passer à l’acte !
Je voudrais poursuivre l’histoire d’Aila qui reprend 15 ans plus tard. Les protagonistes ont vieilli dans un monde qui a changé. J’ai déjà deux tomes en tête, mais plus j’y réfléchis plus je crois qu’un troisième sera nécessaire car je sais déjà ce que je vais mettre dans les deux premiers, mais s’est ouvert dernièrement une brèche et, avec elle, la possibilité de prolonger l’aventure autrement que celle initialement prévue.
J’ai également une toute autre histoire à l’esprit, dans un autre univers, avec une autre héroïne, des penseurs de Dragons et un gardien des penseurs…
Dernièrement, je suis allée à l’Armada de Rouen et j’ai rêvé devant les vieux gréements. Toutes les sensations sont une source d’inspiration : les couleurs, les odeurs, les cris des mouettes. Ne manquait plus que le chant des marins ! Si je parviens à maîtriser le temps, il en naîtra probablement une nouvelle qui passera de sa nature virtuelle actuelle à une autre concrète, puisque rédigée…
– Lisez-vous en numérique ? Quels sont vos supports électroniques de lecture ?
– Très honnêtement, mes semaines sont tellement remplies que, si je dispose d’un peu de temps, entre lire et écrire, je préfère écrire… Par contre, je trouve vraiment super de pouvoir grâce au numérique disposer d’un accès gratuit ou quasi gratuit à la culture des œuvres qui sont passées dans le domaine public. C’est un atout indéniable.
Je possède un ordinateur et une liseuse.
– Pourquoi UPblisher ?
Parce que ce fut une belle rencontre, une de celles dans votre vie à côté de laquelle il ne faut pas passer…
Parce que Stefan Aimar et Catherine Vaillant sont des éditeurs adorables, qui sont à votre écoute et capables de donner ce qui vous manque avec la générosité absolue qui les caractérise.
– Qu’est-ce qu’un succès littéraire pour vous ?
– Sûrement, pour les grandes maisons d’édition, c’est vendre beaucoup de livres d’un même auteur…
L’écrivain que je suis n’en est pas encore là… Alors, je me nourris de toutes les belles rencontres que je fais, de ces instants de partage où le monde intérieur qui est le mien, et dont je parlais tout à l’heure, devient une part entière de celui des autres… C’est comme une fusion intime entre l’auteur et ses lecteurs, la compréhension profonde d’un lien nouveau, indéfectible qui vient de se créer au fil des pages, c’est juste… magique !
– Quel conseil donneriez-vous à un auteur qui souhaiterait se lancer dans l’aventure de l’écriture ?
– D’écrire d’abord pour lui !
Il existe toujours des tas de gens qui savent mieux que vous ce que vous auriez dû faire et comment, alors qu’ils n’ont, pour certains d’entre eux, jamais écrit une seule ligne. Je crois qu’il faut se soustraire à leurs ondes critiques quand elles ne sont que le reflet d’une opinion et rarement d’un savoir-faire. Cela ne veut pas dire que tous les conseils ne sont pas bons à prendre.
– Quelles sont vos passions en dehors de l’écriture ?
– Nombreuses : courir (je prépare la Parisienne pour remplacer ma fille qui, partie à l’étranger, m’a demandé de participer à sa place), danser (j’ai toujours adoré cela et je me suis mise à la Country depuis deux ans), la musique (pour danser naturellement et pour chanter quand personne n’est là !), faire de la randonnée en montagne (ce n’est pas un hasard si le tome II de la Saga se passe dans les montagnes du Pays hagan), des photos (particulièrement sensible aux couleurs, aux ambiances, aux graphismes, j’adore capturer l’instant d’une vie qui s’écoule…), juste pour commencer !
Merci à Catherine Boullery d’avoir partagé sa passion pour la fantasy. Nous attendons avec impatience la publication du tome III !