La science-fiction est à la science, ce que le roman historique est à l’histoire.
L’une est une forme de projection dans le futur ou dans l’espace, l’autre puise sa matière dans le passé, mais les deux genres partagent un même rapport à la réalité, scientifique ou historique selon le cas.
Ainsi par exemple, il a été vivement reproché à Alexandre Dumas père d’avoir quelque peu « travesti » l’histoire au bénéfice de l’intrigue sous-tendant chacun de ses romans.
S’agissant de science-fiction, il peut être fait grief à l’écrivain de ne pas être animé du souci de rendre crédible ce dont il traite. C’est la raison pour laquelle tout auteur de Science-Fiction est jugé par la critique, d’une part à l’aune de sa culture scientifique, toujours facile à jauger, et davantage encore pour le soin qu’il prend ou non, de rendre plausibles tels ou tels aspects futuristes de son roman.
Étant moi-même auteur d’ouvrages de science-fiction, mon propos est de faire valoir la manière dont je traite mes sujets, animé du souci de vraisemblance évoqué ci-dessus.
À partir de 2012, j’ai publié en e-édition (UPblisher.com) une série en quatre volumes sous le titre générique « Épopées cosmiques ». Les ouvrages sont : La Fantastique Odyssée – La grande Énigme – La planète des Smarjiks – L’arche du Salut et deux de ces romans illustrent parfaitement le développement qui va suivre.
L’angle sous lequel je me place pour cela, est celui où la réalité corrobore une fiction. L’exemple le mieux approprié sous ce rapport, nous est fourni par Jules Verne à travers son célèbre roman « Vingt mille lieues sous les mers ». Qui en effet, à l’époque où celui-ci parut (1870), aurait imaginé que le « Nautilus » aurait, près d’un siècle plus tard, son équivalent sous la forme des sous-marins nucléaires, alors que les submersibles les plus simples n’étaient, eux-mêmes, pas encore inventés. On peut aussi citer Léonard de Vinci, connu surtout en tant que génial artiste peintre, lequel s’est par ailleurs illustré à travers des épures détaillées, qui avec plusieurs siècles d’avance, ont représenté ce qui aujourd’hui nous est familier, comme la bicyclette ou l’hélicoptère.
Ces deux hommes exceptionnels sont de ceux que l’on qualifie de « visionnaires », et doivent cette distinction à la puissance de leur imagination. Jules-Verne, à travers son abondante production romanesque inspirée par la science, popularisa un genre littéraire nouveau, qui au début du 20e siècle, prit le nom de « science-fiction ». Cependant, contrairement à leur illustre devancier, la plupart des auteurs qui se sont investis dans la voie qu’il a ouverte, ne se sont que, peu ou prou, préoccupés de vraisemblance.
Il faut cependant reconnaître que pour certains d’entre eux, la fiction n’était qu’un prétexte visant à faire valoir une conception de l’existence, ou au contraire, à en combattre une autre. Ainsi en est-il par exemple d’Aldous Huxley, pour son célèbre ouvrage « Le meilleur des mondes » œuvre satirique qui exprime pour l’essentiel sa vision d’une humanité future robotisée et par là-même avilie.
Parallèlement à la science-fiction, une approche futuriste du développement scientifique s’est fait jour,
à travers les travaux d’authentiques hommes de science, œuvrant à la réalisation d’audacieuses hypothèses. C’est ainsi que les vertigineuses avancées scientifiques et technologiques enregistrées depuis la deuxième moitié du 20e siècle ont ouvert la voie à un nouveau genre de recherche qui s’inscrit dans le cadre de ce qu’on appelle « transhumanisme ». Ce néologisme s’applique à un courant dont le devenir pourrait fort bien se traduire un jour par une nouvelle branche de la science, aujourd’hui encore balbutiante.
Schématiquement, ce mouvement découle de la parenté, de plus en plus affirmée, entre l’informatique et la neurobiologie ; le courant qui traduit le mieux cette parenté est sans doute né il y a une quarantaine d’années. À cette époque en effet, un groupe de chercheurs, fait de neurobiologistes et d’informaticiens, s’était constitué au sein de la prestigieuse Silicon Valley. Partant de l’analogie existant entre un cerveau humain et un ordinateur, ce groupe avait pour ambition de créer ce qui serait désigné sous le nom de « bio-ordinateur ».
La conception des processeurs, telle que projetée, impliquait le recours à un substrat de protéines, en lieu et place des classiques ensembles de semi-conducteurs à base de cristaux de silicium. Ce nouveau type d’ordinateur devait, selon ses concepteurs, se caractériser par une telle densité de circuits intégrés, que sous un faible volume, sa capacité de traitement égalerait celle d’un cerveau humain, avec en plus la puissance de calcul et la rapidité d’exécution d’un superordinateur classique.
Cependant, à l’époque où ce groupe de chercheurs opérait, l’informatique était encore très loin d’avoir atteint son niveau actuel, et ce fut l’échec de cette ambitieuse tentative. L’idée cependant demeura, et récemment, en 2012, un chercheur de l’université de Harvard, Ken Hayworth, défraya la chronique en ambitionnant de se rendre immortel à travers un androïde doté d’un cerveau artificiel héritant du contenu du sien. Mais dans son projet, c’est le processus de transfert, qui pour le moins prête à sourire. Jugez-en : il suppose en effet que le sujet se suicide pour permettre à ses coéquipiers de découper son cerveau en fines lamelles, pour en transférer le contenu à travers on-ne-sait quel tour de passe-passe !
Arrivons-en maintenant à une époque très récente, en nous rapportant à une série d’articles publiés le 27 mai 2015 sur le site du magazine Huffington Post.
L’un de ces articles annonçait la couleur, en rapportant les propos du Docteur Hannah Critchlow, spécialiste de Neurosciences de l’Université de Cambridge. Celle-ci affirmait le 23 mai lors d’un festival consacré à la science, qu’il serait possible de vivre éternellement à travers un ordinateur dont le programme serait le contenu d’un cerveau humain, à condition que cet ordinateur soit capable de reproduire les cent trilliards de connections de ce cerveau.
Dans un autre article, nous retrouvons l’idée de Hannah Critchlow, mais cette fois-ci sous une forme scientifique élaborée : des chercheurs de l’Université RMIT (Institut Royal de Technologie de Melbourne, Australie), auraient fait savoir le 14 avril 2015, qu’ils avaient créé des nano-cellules synthétiques aux caractéristiques telles, que chacune d’entre-elles pouvait assurer les fonctions d’un grand nombre de neurones associés. De ce fait, ces nano-cellules pourraient être fonctionnellement groupées pour constituer une toile reproduisant le réseau neuronique d’un cerveau humain, et pouvant donc en constituer un substitut sous le nom de « cerveau bionique »
Cet article cependant, ne dit rien de la possibilité de transférer le contenu mnémonique d’un cerveau humain dans un autre, purement artificiel, ce qui d’une certaine manière, aurait peut-être répondu au souci de Ken Hayworth, mais d’une manière autre que celle, peu crédible, imaginée par ce dernier !
Ces avancées scientifiques très récentes résonnent en moi comme la confirmation de mes intuitions.
En effet, les tomes deux et trois de mes « Épopées cosmiques » reposent sur le thème d’une immortalité acquise par le truchement de moyens technologiques. Je mets en scène, d’une part des entités cybernétiques, les Smarjiks, et d’autre part des êtres vivants organiques intelligents, les Stargils.
Les Smarjiks, dotés de cerveaux semi organiques qui leur confèrent une « intelligence créatrice », se révèlent bien… « vivants », et ce, à l’insu de leurs concepteurs. Avec l’aide de leurs amis Stargils, ils colonisent un nouveau monde où ils deviennent maîtres de leur destinée et accèdent à l’immortalité. Cinq Stargils les rejoignent et bénéficient à leur tour de la vie éternelle. Ainsi, des êtres organiques et non-organiques, au prix d’une totale coopération, finissent par partager une même destinée.
Comment de tels prodiges sont-ils possibles ? Vous permettrez à l’auteur de ne pas dévoiler plus avant les secrets de ses personnages !
Telle est donc, en substance, la base sur laquelle repose l’élaboration de « La grande Énigme » et de sa suite, « La planète des Smarjiks ». Par anticipation, on retrouve à travers la brève évocation de ces deux livres, tout ce qui fait l’intérêt des articles publiés par le magazine Huffington Post.
Je dirais même que le cerveau de type « semi-organique » des « Smarjiks » est plus révolutionnaire encore que celui « bionique » dont il est question dans les articles, une molécule de protéine étant a priori des milliers de fois plus petite qu’une nano-cellule !
Je rappelle toutefois que la paternité de l’idée d’un cerveau de type semi-organique revient à l’équipe de chercheurs de la Silicon Valley qui l’a conçue il y a une quarantaine d’années. Cependant, et à titre de conclusion, je me permets de préciser, qu’usant de mon privilège d’écrivain, j’ai fait réussir sur la planète Iskol, de la manière la plus plausible qui puisse être, ce qui sur Terre s’est traduit par un échec… Échange et Partage sont mes maîtres-mots. Amateurs de science et de fiction, (et de science-fiction), rejoignez-moi sur Iskol où je vous dévoilerai mes secrets !
Chérif Arbouz