Aminata Samassekou nous parle de ses deux nouvelles éditées chez UPblisher : « Le fantôme du quai B » et « La foi et les maux ».
Deux récits qui nous racontent des morceaux de vie, à la fois tristes et heureux de leurs protagonistes respectifs. Des récits croisés dans leur composition et des personnages auxquels on s’attache. Deux histoires courtes, concises et pressées. Une rencontre avec une jeune femme dynamique et pétillante, tout en sourire et en soleil.
UP – « Parlez-nous un peu de vous: qui êtes-vous ? Êtes-vous écrivain à plein temps ou avez-vous une autre activité ? Est-ce une passion récente ou qui vous tient chevillée au corps depuis plusieurs années ? Pourquoi écrivez-vous ?
AS – J’ai 30 ans, je suis originaire du Mali et je vis en région parisienne depuis plus de 10 ans.
Être écrivain à plein temps, c’est mon souhait le plus cher car je travaille actuellement dans les ressources humaines, ce qui n’a strictement aucun rapport avec l’écriture !
L’écriture, j’essaye de m’y consacrer le plus possible sur mon temps libre. On peut dire que c’est une vraie passion : j’ai d’ailleurs fait un bac littéraire, mais depuis toute jeune j’avais envie d’écrire, c’était le seul moyen de dire ce que j’avais sur le cœur, de m’exprimer. Depuis toujours je note des idées, j’observe beaucoup ce qui m’entoure, j’emmagasine, je me nourris, j’absorbe comme une éponge, je garde, ça mature petit à petit. J’ai commencé en écrivant de petits poèmes, en parlant sur la nature, sur mon environnement. Puis, j’ai beaucoup écrit sur ma grand-mère avec laquelle je suis très proche, comme pour retenir et transmettre ce qu’elle m’apportait. Je voulais d’ailleurs à cette époque continuer dans la voie du journalisme pour raconter des Histoires, dire la Vérité. Peut-être un jour ? Mais écrire est une vraie passion qui me tient au corps, c’est un vrai besoin, c’est vital. Finalement, je suis toujours en projets d’écriture, nouvelles ou romans.
Mon écriture a évolué en grandissant, et du fait de ma double culture entre l’Afrique et la France : là-bas, j’ai une autre vision, mais les deux m’ont fabriquée. L’Afrique m’a appris qui je suis, avec des parents qui m’ont comprise et soutenue, la France m’a donné la liberté, avec sérénité et honnêteté.
Mon rêve ultime c’est de vivre de ma plume.
Avez-vous des influences littéraires ? Quelles sont vos récentes lectures ? En êtes-vous influencer, et si oui, de quelle façon ? Quels auteurs vous inspirent ? Quelles sont vos autres sources d’inspiration ?
Aimé Césaire est un auteur qui compte énormément pour moi par rapport à l’Afrique, à la colonisation, à notre histoire et notre civilisation, aux comportements des générations contemporaines.
Mais je suis beaucoup influencée par Victor Hugo et Lamartine : plus jeunes, je voulais écrire comme eux, d’où la naissance de mon romantisme !
Douglas Kennedy, pour le récit des histoires d’amour, de suspens ou de mystère.
La philosophie aussi est importante dans mon parcours pour comprendre l’harmonie de chaque chose, de la Vie en général, l’utilisation de notre intelligence en bien.
Et puis récemment, j’ai été très emballée par Frédéric Lenoir : je me reconnais totalement en lui de façon incroyable !
En plus de tout ceci, je me suis beaucoup nourrie de mes propres expériences et de mes changements de vie, surtout avec mon arrivée en France à 20 ans : un changement radical dans le parcours tout tracé que je pouvais avoir en restant au Mali. Une vie qui finalement aurait été plus simple, mais si simple que j’aspirais à autre chose sûrement.
Qu’est-ce qui vous a poussée au départ à écrire ces nouvelles ? Comment trouvez-vous vos sujets ?
Pour ces deux nouvelles, je suis partie de faits réels, que j’ai ensuite romancés. Pour « La foi et les maux », j’ai rencontré l’héroïne qui est devenue une très bonne amie depuis. J’ai donc essayé de comprendre sa vie (pas aussi tragique que dans ma nouvelle !), je l’ai aidée, mais elle aussi à sa façon, elle m’a aidée dans ma construction, personnelle et d’écrivain.
Pour « Le fantôme du quai B », j’ai rencontré les deux personnages et je me suis véritablement identifiée à eux : leur histoire pouvait être mon histoire ! Et alors, qu’aurais-je fait ? Au départ, j’ai écrit leur histoire sous forme de poésie, mais cela ne me convenait pas, je suis donc passée sur la nouvelle romancée qui retranscrivait vraiment ce que je voulais exprimer avec plus de force.
Dans ma prochaine nouvelle aussi, je suis partie de faits réels que je traduis ensuite avec mon ressenti.
Je garde toujours cette envie de parler aux lecteurs.
Et pourquoi pas, un passage de mes livres en film ? Cela me plairait.
Votre façon d’écrire ? Un seul jet, retravaillé ? Sur PC ou à la main ?
J’ai toujours toutes mes notes. Je garde aussi toutes les idées qui me viennent. Je classe par thèmes, je regroupe. Mais quand je commence une histoire, je m’y consacre totalement, même si je pioche dans tout cela pour donner matière à l’histoire.
J’écris à la main, puis je finalise à l’ordinateur. Ensuite, je fais toujours lire à mes intimes, c’est important pour moi, pour la linguistique, mais surtout pas pour le style et les idées !
Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?
J’ai terminé une nouvelle et je finalise un roman sur ma vie, mes parents, mes rencontres, ce que j’ai à donner aux gens.
Pourquoi UPblisher ? Pourquoi êtes-vous partie sur l’e-édition plutôt que sur une traditionnelle édition papier ?
UPblisher est mon premier éditeur. Je trouve la démarche en e-édition particulièrement intéressante. L’ebook est une bonne formule de lecture. Et j’ai particulièrement apprécié le contact avec les fondateurs d’UPblisher : à côté d’une sorte de déshumanisation du support, le contact personnel a été très important.
Mais le livre papier reste important pour moi. J’aime l’objet, j’aime conserver les livres dans ma bibliothèque.
Ces deux façons d’éditions me conviennent et je trouve qu’elles se complètent absolument. Et je suis très bluffée par le résultat final de mes ebooks : c’est d’une très bonne qualité.
Contrairement à ce qu’il se dit, je trouve que le livre papier voyage tout autant sinon mieux que l’ebook. Et puis je pense avoir un côté émotionnel avec le livre papier par rapport à ma grand-mère, lui offrir le livre…
Mais l’ebook, c’est moderne, c’est surement l’avenir.
Quels sont vos supports électroniques de lecture ?
Je lis les ebooks sur mon ordinateur.
Vos passions en dehors de l’écriture ?
La lecture reste une grande passion. J’aime beaucoup apprendre, découvrir, triturer et confronter « leurs » et « mes » idées. Je lis des livres très différents. J’ai découvert des auteurs comme Yasmina Khadra, qui m’a donné une nouvelle approche du Maghreb.
J’ai commencé à faire du piano, mais il faut beaucoup de théorie et de pratique, le résultat est moins immédiat : je m’en suis donc détachée.
J’adore le basket, et dépenser de l’énergie en faisant de la gym ou du footing.
Les voyages et les rencontres d’autres cultures sont aussi primordiales : j’ai très envie de beaucoup voyager et échanger. Toujours cette idée de m’imprégner et connaître. »
Merci à Aminata pour ce très bon moment en sa compagnie. Nous attendons maintenant avec impatience la suite de ses livres.